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Entre records et craintes budgétaires : quel bilan pour les aides post-Covid en faveur de l’apprentissage ?

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Afin de relancer une économie déconfinée et de combattre le chômage des jeunes, le gouvernement avait fait le choix au printemps 2020 de largement subventionner la formation par l’apprentissage. Alors que l’État a annoncé une baisse des aides pour 2023, il est temps de tirer un premier bilan de cette politique.

Un vrai tournant dans la politique d’Emmanuel Macron. Depuis le début de son premier quinquennat, le président de la République n’a eu de cesse de promouvoir la formation par alternance. Dès 2018, la réforme sur « l’avenir professionnel » avait ouvert le monde de l’enseignement supérieur à celui de l’entreprise, révolutionnant ainsi l’enseignement supérieur. En une poignée d’années, le nombre d’étudiants et de lycéens se tournant vers l’alternance a explosé : depuis 2016, les effectifs ont augmenté de 82 %. Chaque fin d’année apporte même son nouveau record, et après les hausses observées en 2020 puis 2021, 2022 ne devrait pas déroger à cette nouvelle règle. De fait, l’exécutif espère la signature de pas moins d’un million de contrats d’alternance d’ici la fin du quinquennat, en 2027. Pour rappel, ce chiffre était d’à peine 300 000 avant la réforme…

Nouvelles priorités

Pourtant, cette fin d’année 2022 montre les premiers signes d’un changement de direction du gouvernement. Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, vient ainsi d’annoncer un changement dans les aides reçues par les entreprises, avec parfois une baisse voire une coupe pour certains contrats. Depuis 2020, et le plan de relance mis en place à l’issue du premier confinement, les aides gouvernementales pour la signature d’un contrat d’apprentissage ou de professionnalisation concernaient l’ensemble des Français. À partir de 2023, seuls les moins de 30 ans y auront accès. D’autant que si le montant de l’aide augmente de 5 000€ à 6 000€ pour les mineurs, il baisse de 8 000€ à 6 000€ pour les 18-29 ans.

Il faut dire que d’un point de vue strictement budgétaire, cette réforme pèse énormément sur les finances publiques. France Compétences, l’organisme chargé de mettre en place cette politique, accuse un déficit record, qui s’élève à presque 6 milliards d’euros en 2022 selon la Cour des Comptes. Le ministre du Travail justifiait, fin novembre, ce déficit par « l’augmentation très forte du nombre d’apprentis, qui est une bonne nouvelle mais n’était pas attendu aussi rapidement ». Et si même le gouvernement a été pris de court par l’efficacité de sa réforme, c’est qu’elle a bouleversé jusqu’à la nature des contrats d’alternance signés, qui étaient auparavant surtout conclus avant le Bac, et dans des cursus jugés comme peu qualifiants. Depuis 2018, et encore davantage depuis la crise du Covid-19, l’alternance s’est peu à peu imposée dans l’enseignement supérieur, et même pour des diplômes à Bac + 5. De sorte que les étudiants en Master, BTS ou licence sont devenus majoritaires parmi les alternants (62 % des effectifs en 2021).

« Un accélérateur de mixité sociale essentiel »

C’est pour cela que ce déficit est décrit comme un « investissement » du côté de l’exécutif. Cette montée en gamme de l’alternance a déclenché un « effet positif sur la démocratisation de l’enseignement supérieur », expliquait dès 2021 une étude de la Conférence des présidents d’université« L’apprentissage y est un accélérateur de mixité sociale essentiel (qui) profite en majorité aux enfants dont les parents ne sont pas issus des CSP + », insistait ce rapport. En se frayant un chemin dans des cursus prisés, la réforme de l’apprentissage a ouvert la porte des études supérieures à une plus grande diversité de profils, et autant des jeunes venant d’un milieu moins favorisé que des demandeurs d’emploi de plus de 30 ans.

Pour autant, ces derniers mois, plusieurs études ont nuancé cette réalité. Malgré une pédagogie plus en prise avec la réalité du monde professionnel et des avantages financiers pour l’étudiant, l’alternance a encore du mal à gommer certaines barrières psychologiques que se mettent les élèves issus des catégories sociales les moins favorisées. De même, si l’apprentissage ouvre certains cursus aux femmes, certaines voies ultra masculines leur sont toujours fermées dans les faits. Dans une tribune publiée dans Libération, l’Association des apprentis de France (Anaf) met en garde contre le développement de nouvelles inégalités liées à ce boom. « Des mesures doivent donc être prises pour favoriser l’égalité des chances », réclame l’association qui pointe que l’augmentation impressionnante du nombre d’alternants cache une baisse parmi les élèves de moins de 18 ans. « Il ne faudrait pas non plus qu’un fossé s’installe entre les jeunes intégrant les cursus en apprentissage post-bac et les apprentis des premiers niveaux de qualification. »

De regrettables abus

Parmi ses propositions pour améliorer le système, l’Anaf estime également que le gouvernement devrait mieux contrôler l’évaluation des centres de formation. Dans une enquête édifiante publiée fin novembre, Libération a mis en lumière une organisation défaillante, une faille où certains CFA s’engouffrent pour toucher les aides publiques sans pour autant offrir de garanties pédagogiques. « Certains CFA n’apportent pas d’accompagnement aux jeunes pour rechercher une entreprise ou les informer de ses droits, car ils sont dans l’optimisation des coûts, déplorait dans l’enquête la directrice générale de l’Anaf. Tous ne font pas cela heureusement mais c’est une réalité. Qu’on laisse faire ! »  Des abus que l’on ne peut que déplorerHeureusement, ces exceptions ne sont pas la règle. Chez Human Experience, au contraire, nous avons mis dès l’ouverture de notre école l’accompagnement des étudiants au cœur de notre pédagogie, tout en proposant des formations clés en main au sein des entreprises prestigieuses. Fort de promotions aux étudiants aux profils divers, nous essayons à notre échelle d’accompagner l’ouverture de l’enseignement professionnel au plus grand nombre. Pour que fonctionne la révolution de l’apprentissage, encore faut-il s’en donner les moyens.